Vie et tribulations quotidiennes d'une boulimique. Mais pas que ! Ici, on se motive pour en sortir !
Je suis poilue.
Je sais qu'il est assez inhabituel de parler de ses poils publiquement dans ce bas monde. Les poils c'est "moche", c'est "sale", c'est "dégoûtant". Les poils, ce sont des résidus visibles de notre condition animale et plus particulièrement de notre passé simiesque (= de singe). Alors moins on les voit, mieux c'est.
Vous comprendrez que le paragraphe ci-dessus reprend la pensée qui domine nos sociétés depuis une dizaine d'année. De nos jours, le glabre est canon, le glabre est la norme, le glabre est propre.
Malheur à qui aurait oublié un petit poil sur son genoux ou sous son aisselle ! Le voilà pointé du doigt par la vindicte populaire !
La jeunesse (les 12-20 ans) sont particulièrement touchés par ce phénomène de l'anti-poil-parce-que-c'est-sale. Ont-il seulement conscience que cette tendance est le fruit de la démocratisation du porno ? Dans un porno, ce qu'attend le spectateur, c'est de voir tout ce qu'il se passe dans les détails. Alors les poils pubiens plus spécifiquement sont devenus un peu génants. Il n'est pas question d'hygiène dans tout ça. A moins que vous accordiez plus de crédit à la propagande des industries de l'épilation (cire, rasoirs, épilateurs, etc.) qu'aux professionnels de santé. Enfin bon, là n'est pas le sujet.
Comme beaucoup de gens, pression et conformisme social oblige, je m'épile. J'épile les jambes, les aisselles et j'entretiens le bas (jamais de la vie je n'opterai pour l'intégral, infantilisant au possible). De cette manière, au quotidien, pas un poil n'est à la vue du chalant.
Malheureusement, je souffre du syndrome des ovaires polykistiques (OPK). Pour faire simple, mes ovaires déconnent à plein régime.
C'est alors qu'au début de mon adolescence, tandis que la puberté batait son plein, j'ai vu apparaitre son mon petit ventre rebondi quelques poils. Rien de bien méchant, mais suffisamment pour commencer à me complexer.
Le temps passait, la puberté s'achevait, et voilà que je me retrouvais le ventre recouvert d'un petit duvet de poils bruns. Et s'il n'y avait que le ventre... hélas certains ont élu domicile sur ma poitrine également. Et depuis... ben c'est le drame.
C'est un sujet dont je peine à parler, y compris aux médecins. Lorsque j'en ai eu le courage, j'ai essayé de prendre le problème à bras le corps. Direction donc la dermato avec pour ambition de les éradiquer par laser. Mais voilà... ils sont trop fins. Impossible donc pour moi de les supprimer (l'épilation traditionnelle est vivement déconseillée pour ces zones où le poil peut repousser plus noir et dru).
Imaginez... avoir des poils sur le ventre et la poitrine, sans possibilité de les épiler, dans un monde où les mots "femme "et "poils" sont (culturellement) antinomiques. Le drame !
Ma confiance en moi s'est rapidement réduite à néant. Pendant longtemps, je me suis sentie comme étant un monstre de la nature dont personne ne voudrait. Je savais que certaines femmes connaissent un niveau d'hirsutisme (c'est le doux nom que porte ce symptome des OPK) bien pire que le mien et qu'il aurait été de relativiser. Pourtant, je n'y arrivais pas. Encore aujourd'hui, je focalise beaucoup là dessus. J'ai parfois le sentiment d'être intouchable.
Evidemment, vous vous en doutez, cet état d'esprit était un tereau propice au développement de la dépression. Lorsque j'avais pris rendez-vous chez le gynéco (épisode fabuleux de ma vie raconté ici), c'était notamment pour régler ce problème. Il m'avait prescrit des hormones, et m'avait annoncé mon inéluctable avenir d'obèse alors que je commençais à faire attention à mon poids.. Aha quel abruti...
Dans ma tête, l'ultime combo était réuni : future grosse + poils + difficulté à procréer. Youplaboom ! Les portes des TCA s'ouvraient grand pour m'accueillir !
Aujourd'hui encore, ces poils me gènent. J'ai un mal fou à les accepter. C'est un long, très long travail sur soi. Depuis l'été dernier, je porte dorénavant en public des maillots de bain deux pièces. Une épreuve de force.
Le fait est que ça ne m'empèche pas de vivre, et même de me faire draguer. Pourtant, certains regards peuvent être un peu douloureux (bien qu'ils peuvent être mal interprété de ma part).
Encore cette année, alors que la canicule bat son plein, j'hésitais à m'afficher avec ces poils disgracieux.
Et puis j'ai lu un article sur le blog de Nelly Cosmétique. Nous avons semble-t-il une pilosité plutôt similaire. Pour autant, elle les assume complètement alors que je fais partie de ces filles qui "s'en rendent |littéralement) malade". Et bon sang de bon soir, lire cet article a été une bouffée d'air frais (et dieu sait que nous en avons grand besoin ces derniers temps) !
Depuis, j'essaie de ne plus (trop) me cacher lorsque je suis en maillot de bain. Mais je peine encore à m'afficher quand je suis avec des amies. Et je ne parle pas des relations plus intimes... Si je ne parviens pas à trouver chaussure à mon pieds, je pense que c'est à cause de ça ! J'ai tellement peur du regard des autres et de l'autre que je m'empèche de vivre à fond.
Il y a encore du travail à faire, mais disons les choses clairement : nous sommes tous différents et chacun mérite de vivre comme il l'entend en dépit de ses choix d'épilation (d'une part), de sa pilosité aussi atypique soit-elle (d'autre part), et surtout quelque soit son physique. Ce n'est pas quelque chose que l'on choisit et ce n'est pas à ceux qui sont à la marge de changer, mais bien au regard des autres d'évoluer.
Maintenant, il ne me reste plus que d'apprendre à aimer mes poils pour m'aimer tout court :)
Du fond du coeur, merci à Nelly pour son témoignage, ses conseils et son aplomb face à ces poils !
Je suis une modérée, je laisse chacun faire ce qu'il veut avec ses poils comme avec le reste. Je n'aime pas les combats pro-poil et anti-poil, sur fond de " la société nous impose blabla " qui ...
http://www.nelly-cosmetique.com/2014/10/13/le-cadet-de-mes-complexes-les-poils/