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"Vivons caché-e-s pour vivre heureux-ses" : la fausse bonne idée (enfin me concernant).

"Vivons caché-e-s pour vivre heureux-ses" : la fausse bonne idée (enfin me concernant).

A l'occasion de la Journée de la Femme, voilà que j'ai aujourd'hui la folle envie de vous en dire un peu plus sur ma vie privée et notamment de vous dire comment je vis ma bisexualité. 

Quel rapport avec la boulimie ? me direz-vous. Hé bien, pas mal de choses.

 

Récemment, j'ai lu sur le site du Monde un article traitant de l'invisibilité des lesbiennes (ici). Ce papier m'a fait réfléchir ; il m'a en quelque sorte mis face à ma propre réalité, que j'essaye desespérement de nier, mais qui finalement me taraude et me fait du mal : je ne m'assume pas pour ce que je suis.

 

Si ici je parle assez librement de mon attirance pour les deux sexes, il n'en est rien dans la vie de tous les jours. 

Une poignée de personnes seulement est au courant de mon orientation sexuelle : un membre de ma famille et quelques amies que je ne vois hélas que trop rarement. C'est tout. Les amies que je cotoie régulièrement ignorent mon attirance - marquée - pour les filles. Ou faignent de l'être, je ne sais pas.

 

Et c'est assez difficile d'être soi-même en occultant une partie de mon identité. Mais je n'arrive pas à en parler. Pourtant quel soulagement ce serait ! 

 

Le souci, c'est que j'ai peur. Pas la petite angoisse qui vous tortille gentillement les boyaux avant un examen, un rendez-vous, ou autre. Nan, nan, nan. C'est une peur qui relève plutôt de la terreur. C'est dire... 

Cette terreur s'explique, je pense, par plusieurs choses : 

 

D'abord, comme je vous le disais il y a peu dans un précédent article, je suis une "pudique du sentiment". J'ai du mal à exprimer mes sentiments couplé d'une timidité assez costaud. Parfois, en société, si je pouvais me fondre dans les murs, ce serait parfait. Un exemple tout bête : plus petite, j'appréhendais de retourner à l'école après avoir été chez le coiffeur parce que je savais que tout le monde remarquerait ma nouvelle coupe et viendrait me poser cette question ô combien stupide de "tu es allée chez le coiffeur ?" : en gros, je ne passerais plus inaperçue et ma "bulle" serait à chaque fois mise à rude épreuve.

Parler de ma bisexualité reviendrait un peu au même. Parce que c'est intime et qu'il n'est pas seulement question de sexualité mais surtout de sentiments. Et parler de cela, ce serait comme faire un gros trou dans ma bulle protectrice et devenir vulnérable. Ce qui nous amène à la seconde raison.

 

 

 

 

 

L'homosexualité est hélas encore quelque chose d'extraordinaire, au sens propre. Ce n'est pas complètement intégré dans la norme si bien que pas mal de gens restent aujourd'hui fermés par rapport à cette différence, voire complètement homophobes. 

Et j'ai peur du rejet. Surtout celui de ma famille alors qu'ils me sont essentiels. Du coup, je suis tétanisée à l'idée qu'ils découvrent le pot-au-rose. Peut-être qu'ils l'accepteraient très bien, je ne sais pas. Mais l'autre possibilité, celle du rejet, du dégout, n'est pas écartée. 

D'ailleurs, il y a deux/trois, quand je n'allais franchement pas bien, voir ces gens manifester dans la rue m'était insupportable et n'a fait que renforcer mon repli sur moi-même. Il y a encore du travail avant que les gens ne réalisent que l'amour n'a pas de sexe et qu'aimer une personne du même sexe n'est en rien une déviance*. 

 

Enfin, il y a le problème du "pointage de doigt" ; je m'explique.

Dans ma famille ou dans mon cercle d'amies (ou mon cercle professionnel d'ailleurs), si je venais à dire "je suis bisexuelle" ou de façon moins classificatrice "j'aime autant les filles que les garçons", je serais en quelque sorte la "bi" ou la lesbienne de service. Je sais déjà que dans certains esprits, cette part de mon identité deviendrait un trait majeur de la façon dont on me perçoit (aïe aïe aïe, désolée, je ne parviens plus à trouver mes mots pour m'exprimer plus clairement). Or, ma bisexualité n'est qu'une infime partie de ce que je suis. Elle ne caractérise pas à elle seule mon être.

 

Supposons par exemple que je sois rousse. Ou blonde. Ou brune. Ou chauve. Hé bien ce simple trait physique, différent d'une personne à une autre, ne doit me définir dans ce que je suis. Il s'agit juste d'un aspect de mon identité. Hé bien il en va de même de ma sexualité.

Mais encore aujourd'hui, beaucoup de gens en font tout un patacaisse. Par peur de ce qu'ils ne connaissent pas probablement.

 

Pour toutes ses raisons, je m'empèche d'être pleinement qui je suis ; cela affecte ma vie privée (difficile de "draguer" des filles - ou se laisser draguer par des filles - devant ses amies), ma vie amicale (je leur cache certains événements), familiale, et en gros, ma vie tout court. 

Lorsque j'étais suivie par un psy, il m'a été impossible de lui en parler. C'était trop difficile. ça ne sortait pas. Y compris d'ailleurs avec les principales intéressées ! Dans ce cas précis, je ne nie pas, j'omets. 

 

Ma vie se résume d'ailleurs à cela : mettre en place des stratégies d'omission pour éviter de  (trop) laisser transparaitre qui je suis par peur du rejet ou par peur du regard des autres.

Evidemment, comment voulez-vous qu'un truc pareil n'affecte pas mon moral et n'ait pas de cause dans la boulimie ?!

 

A vivre cachée de la sorte, j'étouffe. J'ai encore un peu de marge avant d'exploser mais il faudra bien  un jour que ça sorte, que je vive pleinement qui je suis, sans entraves, sans me cacher.

*Cette histoire de déviance m'agace fortement : l'homosexualité serait une déviance car elle ne permet pas - de prime abord - la reproduction, donc la survie de l'espèce. Or, à ma connaissance, si l'espèce humaine est en danger, ce n'est pas par soucis de "manque d'effectifs" mais au contraire de surpopulation, de non-maîtrise des ressources et de pollution des écosystèmes. 

Les gens qui pensent encore de la sorte sont ceux qui mettent en péril l'avenir de l'humanité. Les déviants - donc ceux qui mettent en péril l'humanité - font l'autruche et  refusent obstinément, par pure croyance, de regarder le monde en face et de penser aux générations futurs. ça c'est déviant, contre-productif, et criminel.

C
Chère Julie,<br /> <br /> Tu avais laissé un commentaire vraiment gentil sur mon blogue (apreslanorexie.wordpress.com) il ya de cela..... 7 mois!?! Je suis vraiment désolée de ne pas avoir répondu plus tôt. Ton commentaire m'a fait du bien, c'est toujours rassurant de voir que nos malheurs peuvent être compris et partagés. La vérité c'est que durant les 7 derniers mois j'ai un peu fait l'autruche, j'ai abandonné mon blogue et j'ai essayé de vivre normalment (pffffff ça n'a pas marché). <br /> <br /> Ce sont des blogues comme le tiens qui m'inspirent. Continues à écrire :)<br /> <br /> Bisous
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M
Le lien ne fonctionne pas donc je t'en redonne un autre :<br /> <br /> http://galeriegothik.centerblog.net/rub-Victoria-Frances-13.html<br /> <br /> C'est la page 13 et la photo tout en bas la toute dernière de la page.<br /> <br /> J'espère que tu arriveras à la visionner.<br /> <br /> Par mail, cela aurait été plus facile...
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M
Le lien fonctionne bien et je te remercie. Je crois qu'il est possible de m'envoyer un mail à partir du blog, mais je ne sais plus comment.
M
Bonjour,<br /> <br /> Je te remercie pour cet article qui me touche particulièrement. <br /> Ma grand-mère maternel disait toujours "pour vivre heureux, vivons caché". C'est son anniversaire aujourd'hui, mais elle nous a quitté depuis déjà 15 ans, en l'an 2000. <br /> Je n'ai pas de mots pour t'apporter le soutien et la compréhension que je ressens face à ce que tu décris...<br /> Mais je souhaite t'adresser cette image, qui est bien plus parlante que des mots. J'espère que le lien fonctionnera...<br /> <br /> http://galeriegothik.g.a.pic.centerblog.net/v5euzjex.jpg<br /> <br /> Très bon dimanche à toi.<br /> <br /> Marta.
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