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"Le chœur des femmes" va-t-il me réconcilier avec les médecins ? (partie 1)

Martin WINCKLER, Le Choeur des femmes, 2011, édition Gallimard, 9€40

Martin WINCKLER, Le Choeur des femmes, 2011, édition Gallimard, 9€40

J'ai toujours eu une relation très particulière avec la médecine. Pour être franche, j'ai même une vilaine dent contre la plupart des praticiens. Parce que parfois, j'ai vraiment l'impression que, nous patientes (clientes ?), nous ne sommes à leurs yeux qu'un bout de barbaque, des "cas", des corps mal fichus. Mais il y a un bouquin qui est en train de me faire doucement changer d'avis : Le Choeur des femmes, de Martin Winckler. 

 

1. Le médecin traumatisant (gynéco de surcroit).

 

Il a une chose que je n'ai jamais raconté ici. En fait je ne l'ai jamais raconté tout court. Sauf à mes psy et mon médecin traitant. Mais je crois que ni ma famille ni mes proches ne sont au courant de cette "affaire". 

Illustration : Christine Roy pour protegez-vous.ca

Illustration : Christine Roy pour protegez-vous.ca

Quand tout à commencé, quand j'ai commencé à scruter les grammes sur la balance, et ceux dans mon assiettes, j'étais suivi par un médecin pour un problème de santé. J'avais alors perdu 10 kg depuis notre dernière rencontre, il y avait trois mois. 

Je monte sur la balance, et tandis que les chiffres s'affichent, je lui dis "j'ai perdu beaucoup de poids". Ce à quoi il me répond en se redirigeant vers son bureau : "je préfère vous voir comme ça que ressemblant à un tonneau". Bam prend toi ça dans la figure. Trois mois auparavant, je pesais tout de même moins de 60kg... 

 

Le peu de raison qu'il me restait alors -parce que je sentais bien que je sombrais dans l'anorexie, même si une partie de moi se refusait de l'avouer - s'est alors manifestée et a tenter de lancer un ultime SOS à ce médecin, dans l'espoir qu'il saisisse la perche et m'aide à me sauver de ce cauchemar. D'une petite voix, je lui dis "je crois que je ne vais pas très bien". Ce n'est alors pas une main secourante qu'il m'a tendu. Non, ce médecin, reconnu par ses pairs, censé soigner et aider les gens qui viennent le voir (sinon pourquoi nous y rendrions nous ?), me lance avec un petit sourire navré : "Je suis médecin du corps, pas médecin de l'esprit". Sujet clos. Pas une seule question sur ce qui se passe dans ma tête et dans mon corps. Pas une seule recommandation, même pas un conseil pour me diriger vers tel ou tel praticien. 

 

C'est ainsi qu'à la fin de cette consultation, l'anorexie était victorieuse. Non seulement il m'avait conforter à l'idée de continuer à perdre du poids avec son histoire de tonneau, mais en plus, il avait refuser d'écouter mon appel à l'aide. Et pourtant, il m'avait coûter cet appel, j'avais du prendre mon courage à deux mains pour prononcer ces mots. Et lui les a balayé d'un simple revers de la main, me laissant couac, complètement seule face à la maladie.

Je n'y suis jamais retourné. 

 

Depuis, je rechigne à me faire soigner. Je refuse de remettre les pieds dans un cabinet, de peur de tomber une nouvelle fois sur un médecin antipathique et imbu de lui même.

Et puis, j'ai commencé à lire un roman, Le Choeur des femmes, de Martin Winckler. Et je crois que ce monsieur, médecin de formation, est en train de me réconcilier avec sa discipline, et plus encore, avec (certains de) ses confrères. 

F
Cette expérience que tu racontes, à propos du gynécologue, me traumatise complètement ! Je ressens de la peine à la fois pour toi, qui demandais de l'aide et n'a trouvé qu'une porte close, et pour ce médecin qui se fourvoie de façon choquante ! J'espère que les générations de médecins à venir seront plus attentives à ces "maux de l'esprit", que l'on ne saurait détacher des "maux du corps".
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