Je ne sais plus qui a dit un beau jour "la vie est trop courte pour être petite" (Benjamin Disraeli je crois, mais je ne mettrais pas ma main à couper).
Et c'est tellement vrai. La vie mérite d'être vécue à fond : notre propre existence résulte d'une succession assez exceptionnelles de hasards. On nous a donné (façon de parler bien sûre) l'opportunité de vivre, mais pour une durée limitée : quelques dizaines d'années tout au plus.
Alors depuis que je vais mieux et que je peux prendre un peu de recul sur tout ça, j'ai envie de faire des choses extraordinaires, de croquer la vie à pleine dent, de me lancer des défis aussi fous les uns que les autres.
J'en ai déjà réalisé deux : l'un consistait à rencontrer une célébrité américaine dont j'étais éperdument fan au cours de mon adolescence ; l'autre devait m'amener à voler les pieds dans le vide.
Je pensais que la prochaine étape serait la plus difficile : à savoir sauter en élastique. Mais voilà que je suis tombée sur une annonce qui m'a vite fait relativiser. Un atelier de dessin recherchait des modèles pour du nu académique. Je suis passée tout de suite à la suivante, sans vraiment y préter attention. J'ai marqué un petit temps d'arrêt, et je suis retournée sur cette annonce. "Tout physique, débutant(e)s accepté(e)s". Et si j'osais ?
Nouvelle République, http://www.lanouvellerepublique.fr/var/nrv2_archive/storage/images/contenus/articles/2011/12/12/a-quoi-pense-un-modele-vivant/14543112-1-fre-FR/A-quoi-pense-un-modele-vivant_reference.jpg
Je relis une nouvelle fois l'annonce. Plus mes yeux passent sur ses mots, plus l'idée me séduit. Mais paradoxalement, mon petit cœur d'affole. Je suis stressée, rien qu'à l'idée d'envoyer un mail pour avoir plus de précision.
Car que les choses soient claires : je ne suis pas fière de mon corps, plein de gras et de cellulite. Et avec ça, je suis pudique. Alors m'imaginer dans mon plus simple appareil, scrutée par plusieurs paires d'yeux inquisiteurs qui coquent mes défauts... oula oula...
Néanmoins, je me dis qu'une pareille expérience peut permettre de franchir (difficilement et brutalement certes) une barrière bien fixée dans mon esprit, et m'aider à m'accepter telle que je suis. Encore faut-il que j'arrive au bout de ma démarche. Car à l'heure où je vous en parle, rien n'est encore fait, et peut-être que ce ne sera jamais fait. Dans les faits, c'est le défi le plus important que je me sois jamais lancé. Celui qui - je le sais - m’empêchera de dormir la veille, me fichera une frousse pas possible, et sera finalement le plus difficile à relever.
Si j'y parviens, le saut à l'élastique à coté, ce sera du gâteau.
En tout cas, maintenant que l'idée a germé, si je ne peux pas poser cette fois ci (pour une raison ou une autre, car des paramètres indépendants de ma volonté entrent également en jeu), c'est quelque chose que j’essaierai de faire une fois dans ma vie : et pour me rassurer, je n'aurai qu'à me dire que bien avant moi, des modèles ont de tout temps posés, et que sans elles/eux, certains chefs d'oeuvre de la peinture ne seraient rien. En pensant à ces femmes qui donnèrent leurs corps et leurs temps à la peinture, c'est idiot, mais je pense que j'arriverai à dédramatiser.
Maintenant, tout reste à faire !