Ce que je m'apprête à vous raconter là, personne n'est au courant. C'est une sorte de secret honteux et blessant que je garde depuis plusieurs années. C'est une plaie qui commence tout juste à se refermer. Et pourtant, vous allez voir combien la cause peut paraître anodine et ridicule.
C'était juste avant que tout ne commence. J'étais mal dans ma peau déjà, et les manifestations sous-jacentes de ce qui allait suivre commençaient à se faire sentir. Ce jour là, j'allais réaliser un rêve. C'est ce qui m'a permis d'occulter pendant longtemps la violence du regard.
C'était l'été à Paris. J'avais un rêve à réaliser. Je resterai évasive sur ce dernier.
Et voilà que mon chemin croisa aussi celui d'une "petite" célébrité américaine du petit écran, connue pour un rôle de "sidekick" dans une série des années 90-2000. Il y avait du monde autour d'elle, les gens faisaient la queue pour un autographe. Ni d'une ni de deux, je sautais moi aussi sur l'occasion !
Les gens sourient, patientent gaiement. A coté de la dite-célébrité, son agent, à la carrure massive, au maquillage criard, bref, à la dégaine très américaine, veille au grain. Son air acariâtre contraste avec mini célébrité, qui prend le temps d'échanger avec la foule des fans et des badauds en souriant. Viens alors mon tour.
J'ai dû moi aussi échanger quelques mots, je ne me souviens plus. Mais ce qui en revanche restera gravé, c'est son regard. Fixe. Sur moi. Et le trouble.
Elle a vu ce que je ne voulais pas que l'on voit.
Et que ce soit ELLE, une starlette américaine qui incarnait une héroine à laquelle je m'identifiais gamine, une femme que jamais je n'aurai cru croiser un jour dans ma vie, qui perçoive "ça", fut pour moi une humiliation tout à fait surréaliste.
souvenir, souvenir...
Je suis désolée de rester à ce point évasive, mais il y a des choses dont j'ai encore du mal à parler, que ce soit oralement ou à l'écrit.
Elle a fait mine d'ignorer son trouble. Pourtant, c'était trop tard. Je l'avais vu. Elle a signé l'autographe, et je suis vite repartie, essayant de chasser de ma mémoire cet épisode étrange.
Au fond, je ne sais pas ce qu'elle a pensé en me voyant. Mais je me suis sentie attaquée sur mon physique. Uniquement par son regard déconcerté, un peu embarrassé et confus.
Et je peux vous assurer que je n'affabule pas. Je suis certaine de ce que j'ai vu, senti, mais bien moins de la façon dont il faudrait l'interpréter. Toutefois, j'en garde un souvenir honteux et gênant.
C'est réellement à partir de ce jour que j'ai décidé de me prendre "sérieusement" en main pour ne plus avoir à subir ce genre de situation. Ce regard, d'une femme que j'ai admiré à la télévision, m'a heurté à un point que je ne saurais décrire. ça peut paraître tellement idiot, mais c'est ainsi. J'ai reçu violemment en pleine face cette impression de jugement négatif, sans la moindre protection pour retenir le choc.
Résultat, je traine ce truc depuis des années, et ce qui aurait finalement pû être un beau souvenir, n'est qu'une honte de plus.