Aujourd'hui, la crise, cette affreuse, a pointé le bout de son nez. Et pas qu'un peu. Je sentais qu'elle s'annonçait sérieuse. S'est alors entamé un combat de titan (oui rien que ça) entre mon esprit et mon... heu... aliénation.
J'ai d'abord voulu céder à cette pulsion. Hélas, mon frigo était vide. Faire cuire des pâtes ? Nan, trop long. J'avais bien un bocal de rillettes, mais rien pour le manger plaisamment (car oui, pendant les crises, j'essaie de prendre un minimum plaisir... chose qu'au tout début, je ne parvenais même pas).
Je me suis alors reprise, j'ai été voir mon chat, je lui ai fait un gros câlin. J'avais envie de pleurer tellement la crise me tiraillait mes viscères et ma cervelle. Je me suis allongée sur mon lit, j'ai essayé de faire le vide dans mon esprit, de me détendre. J'ai repensé à mes séances de psycho-relaxtions. Malheureusement, je ne parvenais à éteindre la crise que quelques secondes. Elle en revenait toujours plus forte et violente. Je me suis prise la tête, j'imaginais mon cerveau soumis à un acte-réflexe de dépendance.
Tous les lieux où je pouvais me procurer de la nourriture facilement défilaient dans ma tête : la mie caline, trop loin et risqué, les boulangeries du coin, je risquerais d'y croiser des connaissances.
Une solution de compromis s'imposa : prendre mon vélo pour aller un peu plus loin chercher mon ravitaillement. Au fond, j'en aurai pour 5min de plus que d'aller au plus près à pieds.
Me voilà alors embarquée sur mon vélo. Au début, ça m'a fait du bien. Mais les larmes remontaient à mesure que j'approchais de ma cible. J'ai alors subitement dévié ma route. Je suis allée encore plus loin, jusqu'à une grande surface.
Ma stratégie : laisser passer le plus de temps possible et essayer de faire dévier ma crise en un repas copieux.
J'ai d'abord regonflé mes pneus. Je suis ensuite allée aux toilettes, me laver les mains. Lentement, tranquillement. Mon calme n'était qu'une apparence. A l'intérieur, c'est une tempête. Mon esprit tentait tant bien que mal de maîtriser son navire sur l'océan démonté et les vagues monstrueuses de la boulimie. L'objectif était d'éviter le naufrage sur les récifs escarpés mais d'aller abriter le navire dans une petite crique, plus calme.
J'ai flâné dans les premiers rayons. Librairie, papeterie, multimédia. Je suis allée voir où en était les jouets. Pour tout vous dire, j'ai failli quitter le magasin avec une boite de playmobils sous le bras.
Voilà les rayons d'alimentations. J'ai fait quelques courses : 4 articles. Des petites brioches pour le matin, une tarte aux pommes individuelle et -j'ai honte- deux petites pizzas ovales (les moins caloriques). Le but était de manger beaucoup, pour combler un pan de la crise, mais de façon structurée pour limiter la casse.
Résultat ; je suis rentrée chez moi, et j'y suis parvenue. Je n'ai pas touché à mes petites brioches (c'était ce qui me faisait le plus peur). J'ai mangé mes 2 petites pizzas et ma tarte aux pommes. Je suis repue et la crise est passée.
En début de soirée, j'irai me promener, tranquillement, pour respirer et me sentir mieux.
Mais aujourd'hui, c'est une victoire. Les crises se font vraiment de moins en moins nombreuses, et lorsqu'elles sont là, je parviens de plus en plus à les maîtriser.
La seule chose qui me bouleverse, c'est la sensation de manque qui m'assaille lorsque je résiste. Pour dire les choses crûment, c'est flippant.