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Que penserait de moi l'enfant que j'étais ?

AVERTISSEMENT : Ceci est un article complètement barré. 

 

Oui drôle de question, j'en conviens. 

 

Elle m'est venue alors que je flanais sur facebook. Une amie venait de poster une image tirée du film d'animation Dinsney, Aladin. Elle représentait le héros saisissant le bras d'une Jasmine possédée par Jafar (si mes souvenirs de l'histoire sont bons).

 

Je me suis dit que gamine, j'aimais bien Aladin. Bien plus que Jasmine. Alladin avait une vie d'aventure, de petit forban, bondissant d'un toit à un autre, usant de sa ruse et de son habilité pour se défaire des gardes du sultan. Il était libre.

 

Dans les Disney ou dans les contes traditionnelles, je m'identifiais souvent plus facilement aux héros qu'aux héroines. Ces dernières étaient généralement des princesses (Cendrillon, La Belle au Bois Dormant, Blanche Neige), souvent en détresse, et qui n'aspiraient qu'à une seule chose : rencontrer le prince charmant avec qui elles vécurent heureuses, et eurent de nombreux enfants. Les princes, eux, avaient droit de terrasser les dragons, les sorcières et les souverains cupides. Ils accomplissaient de grandes choses au nom de valeurs louables. Voilà ce que je voulais devenir ! 

 

Ma mère s'inquiétait de me voir m'identifier à des personnages essentiellement masculins. Moi même, je ne pouvais m'empécher de trouver ça inconvenant, dérangeant*. J'avais beau faire des efforts pour "aimer" jouer à la poupée ou à la barbie, rien à y faire. Je m'ennuyais royalement et je préférais abandonner layettes et brosses à cheveux au profit d'épées, de capes, et de cabanes. Plus tard, des héroines telles que Pocahontas et surtout Mulan firent leur apparition. Ouf, j'étais un peu soulagée ; celles-ci, je les aimais bien.

 

Mais si, à l'orée de ma 27 année (aaaaarrrrrrgggggggghhhhh !), je faisais le bilan entre mes aspirations d'enfance et ma vie d'adulte, ça donnerait quoi ? Suis-je devenue une Alladin ? Une prince Philippe ? Une Mulan ?

 

En fait, pour tout vous dire, sur le plan de la morale et de mes valeurs, je suis assez proche de ce que j'aspirais être. Je me bats pour ce qui me semble juste,"bien", éthique. Dans les faits, je suis encore à la recherche de ce qui est juste, bien et éthique. C'est à dire que je fouine, je lis les théories des uns des autres, j'essaie de composer les miennes (lorsque mon cerveau percute et qu'il ne s'éparpille pas dans tous les sens). Mais je tends vers cet objectif. Donc toi, petite J* du passé, tu n'as pour l'instant pas à rougir de celle que tu seras adulte.

 

 

Les représentations féminines véhiculées par Disney : des femmes faibles, dépendantes des hommes et "gnan-gnan". Jusqu'à l'arrivée de Pocahontas, ambassadrice pour son peuple et véritable héroine de l'histoire éponyme.Les représentations féminines véhiculées par Disney : des femmes faibles, dépendantes des hommes et "gnan-gnan". Jusqu'à l'arrivée de Pocahontas, ambassadrice pour son peuple et véritable héroine de l'histoire éponyme.
Les représentations féminines véhiculées par Disney : des femmes faibles, dépendantes des hommes et "gnan-gnan". Jusqu'à l'arrivée de Pocahontas, ambassadrice pour son peuple et véritable héroine de l'histoire éponyme.

Les représentations féminines véhiculées par Disney : des femmes faibles, dépendantes des hommes et "gnan-gnan". Jusqu'à l'arrivée de Pocahontas, ambassadrice pour son peuple et véritable héroine de l'histoire éponyme.

Concernant maintenant ma vie sociale et sentimentale, là très clairement, je suis à des années lumières de ce que j'aurais souhaité.

Déjà, je me voyais avec un travail (un vrai) respectable, passionnant, stable. Bon ben c'est pas le cas. Je suis encore un peu dépendante financièrement de mes parents, sans réel métier dans la vie. 

Ensuite, je m'imaginais avec une vie amoureuse épanouie. Là, parler à échelle des années lumières n'est même pas suffisant pour exprimer le gouffre qui sépare mon rêve de gamine à la réalité. Je suis célibaire (des intéressé(e)s ? Manifestez vous !), exigeante, compliquée (ah là, je sens que la foule ne va pas se bousculer au portillon !), et il n'est pas exclue que je ne finisse pas ma vie avec un homme. 

 

En gros, je suis très très loin des représentations enfantines que j'avais de ma vie d'adulte, entourée de ma propre famille, des enfants galopants dans une vieille longère retapée et mon compagnon faisant la vaisselle pendant que je corrige les copies brillantes de mes élèves ou que je monte un grand projet de développement pour les territoires (bien plus à la hauteur que la réforme fraichement présentée par notre président). 

 

Quelque part, c'est une forme de désillusion. De déception.

 

Et ce qu'il en est de l'aventure... ce n'est guère mieux. Pas de voyages (pas de sous), pas d'épisodes extraordinaires à raconter ; si ce n'est peut-être quelques altercations avec des CRS. José Bové vu sur son tracteur dans le Larzac. Une poignée de main refusée à N. S (sans les caméras, ouf !). Une randonnée magnifique et éprouvante dans la vallée de Chaudefour. Voilà à quoi se résume ma vie aventureuse.

 

Finalement, jusque là, mon aventure la plus grande, c'est probablement celle qui m'amène à écrire ici. Avoir connu l'anorexie, la boulimie et la dépression, c'est une aventure. Une aventure Ô combien dangeureuse. Mais je me dis que lorsqu'on a vécu ça, et que surtout on y a survécu, ben finalement, y'a de quoi être fière. Ok, c'est pas escalader l'Everest, c'est pas voler aux riches pour donner aux pauvres, pas plus que ce n'est effectuer une traverser de l'Atlantique en solitaire.

 

Mais enfin, c'est pas rien non plus. 

 

Alors toi, oui toi là, la petite J*... Ne me regarde pas avec ce regard inquisiteur. Efface de ton visage le froncement de tes sourcils (surtout quand tu vois les marques que ça a laissé !) et cette moue boudeuse. Oui, je n'ai personne dans la vie, oui ma vie peut sembler morne, banale, ennuyeuse. Mais t'as vu un peu ce que j'ai traversé ? Ce que toi tu as traversé ? C'est pas rien, crois moi ! J'y ai pas laissé ma peau, et je me suis bougée pour guérir. Pis je suis jeune, je peux encore avancer à mon rythme, rien n'est perdu !

 

Donc petite J*, il y a encore des difficultés devant nous, mais on les affrontera comme on l'a fait jusque là, en aventurières courageuses dignes de Lara Croft !

 

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* et après, on nous dit de ne pas toucher "aux stéréotypes de genre". Voilà à quoi ça mène : une pression sociale vécue comme immense sur des gamins qui n'ont rien demandé, et qui finiront allongés sur le divan une fois parvenus à l'âge adulte ! Christine et Barjot, hop on sort ! 

 

Lara Croft, première héroine de jeu vidéo. Personnage hélas malmené par des représentations graphiques machistes et fantasmés.

Lara Croft, première héroine de jeu vidéo. Personnage hélas malmené par des représentations graphiques machistes et fantasmés.

L
Beau texte, bien écrit et très.drôle! Définitivement j'adore te lire! <br /> C'est émouvant ton introspection. Je sais à quel point on est détachée et absente de nous-même et de notre capacité à réfléchir quand on est dans la spirale des TCA... Mais ton texte (pas si barré!) montre que tu es loin d'être aussi morne et banale que tu le crois.
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